LukaCG / Neurodiversité · août 8, 2024

Pourquoi un coach de musique m’aide mieux qu’une personne du psychosocial?

Pourquoi un coach de musique m’aide mieux qu’une personne du psychosocial?

Par Luka Cruz-Guerrero

C’est une question qui m’est revenue plusieurs fois. En effet, j’ai déjà rencontré plusieurs professionnels du service psychosocial. Bien que j’ai obtenu des apprentissages, j’ai rarement été satisfait et je n’ai pas toujours atteint les objectifs que j’avais fixés en début de suivi. Et ce, même si j’ai fait des efforts pour écouter et essayer leurs suggestions. À ma surprise, j’ai reçu l’aide dont j’avais besoin de la part de mes coachs de musique et de personnes qui ne sont pas dans le psychosocial comme une personne photojournaliste, une personne des communications, par exemple.

Alors, je tenterai de répondre à cette situation illogique. Attention, je pense qu’il faut continuer à demander de l’aide lorsqu’on se sent mal.

Pour commencer, je dirai que l’un des aspects qui m’a découragé est que les professionnels que j’ai rencontrés se mettaient souvent en posture d’autorité et parfois, je me sentais infantilisé en raison de leur façon de parler incluant le ton de la voix, les mots utilisés, les gestes, etc. Je me demande si c’est à cause de mon âge ou d’être une personne vivant une situation difficile. En même temps, je me dis que les connaissances n’ont pas toujours rapport avec l’âge et qu’il est toujours possible d’apprendre des expériences des autres. Puis, avoir besoin d’aide ne devrait pas être une raison pour que la personne qui offre ce type d’aide se montre autoritaire. 

Aussi, certaines de ces personnes professionnelles peuvent donner des conseils vagues du type « la vie est comme ça » sans proposer de stratégies, lèvent la voix ou disent être fâchées si on leur répond que leur idée ne nous convient pas. Dans ces cas, je me demande si ces personnes ne devraient pas commencer par travailler leurs émotions avant de rencontrer leurs clients. Je me demande aussi si le fait d’ignorer ce que je ressens ou insister pour imposer son idée fonctionne pour certaines personnes. Pas pour moi, en tout cas. Et si les conseils ne me conviennent pas toujours, est-il logique de penser qu’il vaut mieux continuer à chercher une autre solution ? Je pense que oui.

De plus, certains de ces personnes professionnelles m’ont déjà traité avec des adjectifs offensants comme fermé, négatif ou rigide, ou ont mal interprété mes gestes ou mes mots sans vraiment me comprendre ou me croire. Je trouve inacceptable de blesser l’estime de soi d’une personne qui cherche de l’aide émotionnelle. Je l’ai dit une fois à une personne professionnelle qui m’a répondu : « J’ai le droit, j’ai un diplôme ». Selon moi, il serait mieux de reconnaître qu’on est à court d’idées ou de connaissances et de nous recommander un autre service ou de nous demander si nous avons des personnes autour de nous pour nous soutenir. Aussi, personne ne devrait interpréter des gestes ou des mots et affirmer que son interprétation est vraie. Moi je le trouve prétentieux parce qu’il faudrait vérifier la compréhension et la bonne interprétation pour aider de la bonne façon. Puis, un diplôme ne garantit pas qu’on va toujours avoir raison.

Ensuite, j’ai rarement eu la chance de rencontrer une personne professionnelle qui reconnaît une erreur de jugement, d’interprétation ou de comportement. À l’école on apprend à reconnaître nos erreurs et on nous dit que c’est correct de se tromper et c’est ce qui nous permet d’apprendre. Est-ce que lorsqu’on devient professionnel on doit l’oublier? Le pire c’est que dans mon histoire, ces personnes répètent les erreurs malgré mes efforts pour me faire comprendre. Comment leur faire savoir que cela me décourage ? Je me demande comment il est possible qu’une personne qui suit une thérapie, avec l’espoir d’aller, au moins, un peu mieux, puisse sortir de la rencontre dans un état émotionnel pire. 

Mais, je ne perds pas espoir. J’ai entendu de belles histoires de personnes qui ont reçu un service de soutien psychosocial vraiment utile. De plus, la vie m’a offert un peu de chance, quand même: j’ai reçu de l’aide dont j’avais besoin de la part d’autres personnes, comme mes coachs de musique ou des adultes de mon entourage qui m’ont beaucoup aidé avec ouverture d’esprit, respect et acceptation. Avec ces personnes, je ne me suis jamais senti infantilisé ni comme une personne « problème », ni traité avec des adjectifs offensants. Je me sens généralement validé, accepté et reconnu. Je me sens traité en égal et libre de suivre ou non les conseils. Je termine les conversations avec un sentiment agréable. Les informations sont aidantes, concrètes et créatives et ces personnes sont honnêtes si elles ne savent pas comment me conseiller. Bref, c’est justement ce qui fonctionne avec moi. Pourquoi faire compliqué ?

Finalement, je ne veux pas diminuer le travail des professionnels et je pense qu’il faut continuer à demander de l’aide lorsque nous ne sommes pas bien. J’aimerais plutôt qu’on réfléchisse aux manières d’aider professionnellement. Peut-être qu’on devrait réviser ces méthodes, être ouverts d’esprit et flexibles selon la personne qui demande de l’aide, prioriser le bien-être de la personne, être honnête lorsqu’on ne peut pas continuer le suivi et arrêter de faire sentir aux gens qu’ils sont inférieurs parce qu’ils traversent un moment difficile émotionnellement. 

Surtout, nul ne devrait sortir d’une rencontre d’aide dans un état émotionnel pire que celui dans lequel il est arrivé.

Luka Cruz-Guerrero
Jeune adulte neurodivergent, étudiant au Cégep.

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