La première fois que j’ai utilisé un ordinateur, j’ai testé un programme en BASIC qui demandait d’entrer le prénom et qui affichait ensuite: « Bonjour Lucila ». C’était ma première séance d’informatique. J’étais tellement fascinée que j’ai décidée, à ce moment là, d’abandonner mes études d’ingénierie pour devenir informaticienne en analyse et programmation.
J’ai jamais regretté. L’informatique a été mon premier grand amour, je pouvais (et je pourrais encore) passer 10 heures à programmer tellement j’aimais le faire. Je me disais que j’étais née pour l’informatique parce que ma pensée était pareille à « celle de l’ordinateur ».
Je ne savais pas expliquer plus que ça. Je n’étais pas très bonne ni pour parler sur moi ni pour expliquer la raison de telle passion.
– « parce que j’ai une véritable vocation… «
– « parce que lui et moi on se comprend bien… »
– « parce que je suis programmable comme lui… »
– « parce que j’utilise les programmes dans ma vie quotidienne… »
Maintenant je le comprends et cela depuis déjà quelques années même avant de découvrir ma condition asperger. J’ai une pensée logique que j’applique à tout moment. Ma logique est semblable à la logique informatique.
Pour parler le plus simple possible, je dirais que dans la logique informatique il n’y a pas des nuances, tout est clair. On peut programmer par exemple:
1. Vérifier la date d’expiration du document
2. Si le date a expiré refuser
3. Si la date n’a pas expiré accepter
C’est oui ou non. L’ordinateur n’accepte pas l’incertain.
Si on ne déclare pas 2. il y aura un erreur quand la date sera plus bonne. L’ordinateur « ne va pas savoir quoi faire ». Si on ne déclare pas 3. il y aura le même erreur si la date est encore bonne.
Vous me suivez ?
Malheureusement la vrai vie n’est pas comme l’ordinateur et les nuances, les flous, les vides me produisent l’équivalent à l’erreur : la frustration, la impuissance, la tristesse, l’anxiété. Le pire c’est l’incertitude.
Donc face à l’incertitude ou une règle incomplète ou mal structurée le programme de l’ordinateur bloque. Moi aussi. La durée peut être courte ou longue, ça dépend du contexte et de l’importance que je donne à l’épisode.
Enfant je faisais une crise. Adulte je me sens juste frustrée et ça peut me faire ralentir. J’analyse pour essayer de comprendre ou trouver une solution.
Après mon diagnostique j’ai fait la relation entre le syndrome d’asperger et ma pensée. J’ai su qu’il y a un bon nombre de personnes autistes qui sont informaticiennes. Ma théorie personnelle est qu’on trouve un endroit sécurisant dans cette structure logique, un endroit qu’on comprend bien et qui permet de se sentir valorisé en ayant l’habilité.
Je fonctionne à base de règles structurées. Je suis bonne pour planifier ou pour trouver la meilleure solution. Chez moi la vie est belle. Dehors il faut toujours gérer les émotions que l’ambiguïté (qui se promène partout) peut provoquer.
Voilà
J’espère ne pas avoir vous embrouillé, mon but dans l’écriture de textes c’est d’informer, d’aider et de donner petit apport pour la sensibilisation à l’autisme.
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J’apprécie vraiment vos posts et comment vous verbalisez tout cela.
merci Caroline, j’essaye d’informer et je suis contente si ça peut aider qqn 🙂
J ai retirer le lien sur la rétrospective des meilleurs films
ce matin justement parce que j ai été mieux informé sur
la structure de TA maniere de penser !
Vive le cinéma muet !
Au ralentit , quand on le décide ……………………..
Tant mieux ! Heureux de te connaitre encore mieux !
Très intéressant. Bravo et merci de nous faire partager et comprendre une partie de votre pensée. J’ai un petit garçon de 4 ans qui vient tout juste d’être diagnostiqué et je trouve facinant tous ce que je suis capable de lire à ce sujet. Merci encore!
Merci de vos commentaires
Après deux ans et même si ma démarche et ma connaissance personnelle ont évolué, je valide ce texte.
Il y a aussi que des fois les crises des petits enfants sont aussi à cause des hypersensibilités.