Art · mai 27, 2015

Lettre ouverte au Premier Ministre

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Monsieur le Premier Ministre,


Je commencerai par citer notre CHARTE DES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE.

« CHAPITRE I.1
DROIT À L’ÉGALITÉ DANS LA RECONNAISSANCE ET L’EXERCICE DES DROITS ET LIBERTÉS
10. Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap.
Il y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit. »


Pour faire simple, une première question : comment l’appliquer dans le cas d’un enfant qui, par rapport à sa perception, sa communication et son traitement de l’information, apprend d’une façon différente?


Cela ne sera pas du tout en lui imposant de suivre un programme et une méthode qui ne correspondent pas à son fonctionnement. Même dans le cas d’un enfant qui est apparemment prêt, il aura besoin de soutien professionnel.

Votre mesure d’austérité restreint les services pour les élèves de la diversité humaine. Elle va, à mon avis, contre le respect de nos codes de vie et du respect, monsieur le Premier Ministre.


Je crois qu’il devrait y avoir des changements dans le système scolaire pour les enfants qui ont des besoins particuliers mais pour l’améliorer, pour rendre le programme accessible à tous les types d’intelligence et les façons d’apprendre, pour augmenter le nombre de professionnels de soutien. Jamais comme mesure d’austérité ni pour couper les services.


L’éducation d’un enfant est incompatible avec l’austérité. À la longue la société sera perdante.
Auriez-vous fait de tels ajustements dans l’éducation qu’a reçu vos propres enfants?


Je suis autiste et mère monoparentale de Luka, autiste de 10 ans. Après un parcours avec des moments difficiles, il est actuellement en classe régulière dans une merveilleuse école avec une enseignante exceptionnelle. Bien que Luka est très intelligent et qu’il a une mémoire exceptionnelle, il a besoin de soutien pour décoder le langage, pour comprendre une méthode qui n’a pas été conçue en accord avec sa façon d’apprendre, pour comprendre le langage social, etc. Son école donne tout ce qui est possible, même plus puisque le personnel de soutien aux élèves est trop chargé. Une ou deux personnes pour toute l’école, ce n’est pas assez.


Je dois par conséquent travailler à la maison pour pouvoir accompagner mon fils 3-4 heures par jour. Ce que je trouve déjà injuste puisque j’ai de nombreux talents et capacités et que j’ai dû presque tout mettre de côté pour l’accompagnement de mon fils. Je suis artiste, photographe, auteure, informaticienne, graphiste, mais je ne peux pas trouver un travail à l’extérieur de la maison. Maintenant, si on risque de perdre le minimum de soutien que nous avons présentement, est-ce que mon fils pourra développer tout son potentiel dans un milieu d’inégalité ?


Il est encore temps de faire les bons choix. L’éducation adéquate de nos enfants devrait être intouchable.

Car oui, monsieur le Premier Ministre, vos coupures ont un nom : Luka.

Lucila Guerrero
auteure, artiste engagée pour la diversité
cofondatrice de Aut’Créatifs
mouvement de personnes autistes pour la neurodiversité

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