« Ce qui m’a été expliqué, c’est que [pour] ces enfants-là, de toute façon, les lumières doivent être tamisées, pour ne pas qu’ils soient agressés par la luminosité », explique la présidente de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries.
Source: Radio Canada. Une classe sans fenêtre pour de jeunes autistes
À toute personne impliquée dans ce dossier.
Laissons du côté les titres, les postes, les anciens livres. Je vous invite à rester juste humains.
Est-ce que vous trouvez qu’enfermer dans une «grande boite sans fenêtre» est un traitement qui s’accorde avec les droits de la personne?
J’aimerais savoir d’où ça vient l’affirmation que les autistes seraient agressées par la lumière naturelle d’une fenêtre.
D’apprendre ce texte sur le site web de Radio Canada, j’ai ressenti un dégout semblable à celui éprouvé lors de la lecture de l’histoire qui raconte que les autistes étaient enfermés à clé au nom de son propre bien. Le siècle passé, l’horreur était plus grande, vous allez me dire, peut-être. Mais d’après ma perception autistique et ma sensibilité, la vision se ressemble à la base.
L’idée dans la citation en haut, vient d’un immense préjugé.
Premièrement. Nous ne pouvons pas mettre tous les élèves ayant un même diagnostic dans une caisse et appliquer un seul traitement égal pour tous. Chaque être humain est unique. Les autistes sont des êtres humains alors chaque autiste est unique. Regardons le besoin particulier plutôt que la cote.
Deuxièmement. Si vous avez connu un autiste qui n’aime pas la lumière du jour qui rentre par une fenêtre, il faut le respecter, lui. Je suis d’accord. Mais, ça serait trop naïf d’affirmer que tous les autistes sont pareils. Si vous savez combien de mon travail d’artiste en photographie a été inspiré par la lumière, ses reflets et les ombres. Combien ça peut me fasciner et me rendre heureuse.
Comment allons-nous intégrer un autiste dans le monde, sans lui permettre de regarder l’extérieur? Sans voir le ciel, ni les nuages, ni les oiseaux, ni les voitures, ni les gens qui passent. Non, ce n’est pas de la poésie.
Pour moi, le fait de condamner ces enfants à ce type d’endroit, c’est inhumain. Accepteriez-vous que vos enfants soient dans une classe semblable? Pourquoi justement la classe des autistes?
Et s’ils expriment son mécontent par des comportements divers étiquetés comme inacceptables? Allez-vous reconnaitre qui les a provoqués ces comportements en imposant une mesure inacceptable? Pourquoi ne pas écouter les parents qui sont les experts de chaque enfant?
Êtes-vous en train de faire passer le bienêtre et le respect de l’élève avant tout? L’élève tel qu’il est dans sa façon naturelle d’être et de fonctionner.
Je me pose toutes ces questions. J’espère que vous comprendrez mon message personnel.
Je veux faire un appel à tous, à régler cette situation.
Lucila Guerrero
Auteure, artiste, autiste et mère d’autiste
Cofondatrice d’Aut’Créatifs. Mouvement de personnes autistes pour la reconnaissance positive de l’autisme
Cofondatrice de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers
Bonjour,
Je veux vous remercier infiniment pour ce que vous avez écrit. Il s’agit de mon fils Gabriel qu’on voit dans le reportage et mon conjoint Jean-François. Je suis restée dans l’ombre de ce reportage car mon travail l’obligeait. Cependant, depuis la rentrée scolaire, je mène ce combat pour mon fils et aussi pour tous les autres enfants autistes qui sont pris dans ce local sans fenêtres ou qui risquent de l’être dans le futur. C’est une situation inacceptable et toutes les portes qu’on a tenté d’ouvrir se sont refermées automatiquement.
Personne ne nous a consulté. Nos enfants étaient dans une belle classe fenestrée l’année précédente. Puis, la direction a choisi d’admettre un nouveau groupe spécialisé et a pensé que nos enfants non-verbaux seraient mieux de toute manière dans une classe sans fenêtres. Nous avons été choqués et bien sûr, notre cœur de parent en a pris un coup. On s’est dit; « c’est pas vrai, une autre bataille! ».
Nous avons deux fils autistes différents dans 2 classes spécialisées à cette même école. Il ne nous a jamais traversé l’esprit que de les confiner dans un endroit sans vue sur l’extérieur était un bon moyen de les aider… bien au contraire. Depuis qu’ils sont tout petits, on se bat pour qu’ils soient dans le « vrai » monde. On les amène à l’épicerie, a la piscine, au parc, au cinéma… même s’il y a du mouvement, des gens, de la lumière, du bruit… On veut les aider à faire leur chemin malgré leurs limitations. Parfois, ils ont besoin de coquilles sur les oreilles mais pas toujours.
Lorsqu’on a des fenêtres dans une classe, il est toujours possible de tirer les rideaux à certains moments, mais pas tout le temps!
Lorsqu’on nous dit que c’est mieux pour eux des lumières tamisées et moins de stimulis, on les isole et on ne les aide pas à grandir dans le vrai monde… et là, on s’entend que par la fenêtre, il n’y a pas un cirque et une fanfare en spectacle!
Les directions utilisent les handicaps de nos enfants pour justifier leurs mauvais choix. Et, pendant ce temps, à quelques pas de cette classe sans fenêtres, il y a un beau local du service de garde qui aurait pu être utilisé (les enfants ne passent pas des journées entières dans un service de garde… ils y sont même très peu)… c’est très frustrant.
Encore merci car ça fait du bien de se sentir soutenu et compris.
On ne baissera pas les bras!
Monia
Je pouvais pas croire que ça arrive. Je me demande aussi si les personnes qui ont décidé accepteraient de travailler dans une salle pareille.