Neurodiversité · mars 29, 2021

Chasser les blues d’avril : le mois des droits des autistes

Chasser les blues d’avril : le mois des droits des autistes

Les blues

De façon générale, « Les bleus d’hiver » c’est une condition saisonnière, elle se caractérise par un état de fatigue constante, en raison du manque de lumière. La personne peut ressentir de la tristesse en raison de l’épuisement i. De mon côté, je ne suis pas constamment triste en hiver, bien que je ressente intuitivement le besoin de lumière. Ainsi, mes fenêtres n’ont pas des rideaux pendant toute l’année.

Cependant, je pense avoir développé, au fil des années, une tristesse saisonnière en cette période de l’année, lorsque je vois le mois d’avril s’approcher.

Oui, avril est devenu pour moi, autiste, un mois « bleu » (un mois triste). Un « bleu envahissant ». Je m’explique.

Pour commencer, le deuxième jour du mois, des gens « brilleront en bleu » pour appuyer la cause des « souffrants d’autisme », « atteints d’autisme », « malades d’autisme », « personnes avec autisme », « vivant avec l’autisme », « personnes troublées ». C’est déchirant. Pauvres — nous!

Ce n’est pas tout! Des gens parlent aussi de traitements, de normalisation, de punitions, d’eau de javel et de dépistage prénatal. De vaincre l’autisme. De le détruire. De combien nous pouvons être indésirables… la liste est longue. Cette vision de l’autisme, basée sur les déficits, est à l’origine de la stigmatisation.

En plus, ces gens parlent de nous sans nous. Mais nous, nous les écoutons… et c’est douloureux d’entendre ce qu’ils ont à dire.

Le pire est de constater que plusieurs personnes, de différents milieux, sont d’accord avec ces affirmations offensantes au sujet des autistes.

La stigmatisation

Saviez-vous que la stigmatisation quotidienne a un impact négatif sur le bien-être mental des personnes autistes?ii Ces conséquences sont inquiétantes : 2 personnes autistes sur 3 ont déjà pensé au suicide au moins une fois dans leur vie et le suicide est la deuxième cause de mortalité prématurée la plus fréquente chez les autistesiiiiv.

Saviez-vous que la première impression que les gens ont d’une personne autiste pourrait être négative en raison des préjugés? Dans le sens où les gens manifestent un désir réduit d’interaction avec nous ou qu’ils pensent que nous ne sommes pas fiablesvvi.

Saviez-vous que les non-autistes manquent d’empathie envers les autistes? Pendant des années on a cru que les autistes n’avaient pas d’empathie. Mais, en réalité, c’est faux. Le problème de l’empathie existe dans les deux sens, dans la relation entre les non-autistes et les autistes. C’est une situation qui se produit lorsque des personnes ayant différentes expériences du monde entre en interactionvii.

Ce ne sont que quelques exemples, pour montrer une réalité sociale et injuste que je crois qui devrait changer. Et ensemble, nous pouvons le faire.

L’acceptation

« Avril, c’est le mois de la sensibilisation à l’autisme » dit le slogan. Mais pourquoi sensibiliser à une condition, alors que le problème est extérieur à celle-ci? Est-ce qu’on sensibilise à la féminité? Non. Nous luttons pour les droits des femmes.

Alors, je crois nous devrions lutter pour les droits des autistes. Le droit à la vie. Le droit à l’acceptation et à l’inclusion. Le droit de recevoir du soutien selon ses besoins individuels, le droit de vivre selon sa façon d’être. Le droit d’être reconnu comme un être humain à part entière. Les droits de la personne! Le droit tout simplement « d’être » !

Et si nous choisissons un autre slogan?

« Avril, le mois des droits des autistes »

Chassons les « bleus »! Invitons toutes les couleurs pour en faire un mois multicolore! Lumineux!

Un mois pour dire aux autistes « je t’aime et je t’accepte, comme tu es ».

Avec créativité. Avec des petits gestes. Avec de l’empathie. Avec de l’écoute. Avec de la reconnaissance positive. Avec de la joie. Et surtout, avec de l’amour.

Agissons

Voici quelques suggestions :

– Offrons explicitement notre amitié ou notre soutien.

– Écoutons ce que la personne autiste a à nous dire (Et respectons patiemment le délai de réponse).

– Soyons ouverts d’esprit (Ne jugeons pas selon nos idées personnelles).

– Posons des questions pour mieux comprendre ou pour valider notre compréhension.

– Demandons leur quels sont leurs besoins.

– Proposons des solutions sans imposer nos idées.

– Reconnaissons les forces de la personne autiste (Parfois, la personne a tellement entendu qu’elle est « déficiente » qu’elle a perdu sa confiance en soi).

– Utilisons un langage respectueuxviii (Rappelons-nous qu’une majorité de personnes autistes préfèrent être nommées « autiste » ou « personne autiste » parce que l’autisme fait partie de leur identitéixxxi. Utilisons ces termes, à moins que la personne exprime sa propre préférence, pour elle).

– Soyons inclusifs dans toute initiative pour les autistes.

– Rejetons toute affirmation visant à ridiculiser ou rebaisser un geste ou la façon de s’exprimer d’une personne autiste.

– Dénonçons toute forme d’intimidation et de discrimination contre une personne autiste.

Un grand merci à Valérie Picotte pour la lecture, la validation et ses conseils de français. Je vous invite à visiter son site web.

Références

  1. i Chneiweiss, L. (2014). Le trouble affectif saisonnier. Médecine du Sommeil, 11 (2), 74?83. https://doi.org/10.1016/j.msom.2014.03.002
  1. ii Botha, M., & Frost, D. M. (2018). Extending the Minority Stress Model to Understand Mental Health Problems Experienced by the Autistic Population: Society and Mental Health. https://doi.org/10.1177/2156869318804297
  1. iii Cassidy, S., Bradley, P., Robinson, J., Allison, C., McHugh, M., & Baron-Cohen, S. (2014). Suicidal ideation and suicide plans or attempts in adults with Asperger’s syndrome attending a specialist diagnostic clinic?: A clinical cohort study. The Lancet. Psychiatry, 1(2), 142?147. https://doi.org/10.1016/S2215-0366(14)70248-2
  1. iv Hirvikoski, T., Mittendorfer-Rutz, E., Boman, M., Larsson, H., Lichtenstein, P., & Bölte, S. (2016). Premature mortality in autism spectrum disorder. The British Journal of Psychiatry, 208(3), 232?238. https://doi.org/10.1192/bjp.bp.114.160192
  1. v Sasson, N. J., Faso, D. J., Nugent, J., Lovell, S., Kennedy, D. P., & Grossman, R. B. (2017). Neurotypical Peers are Less Willing to Interact with Those with Autism based on Thin Slice Judgments. Scientific Reports, 7. https://doi.org/10.1038/srep40700
  1. vi Lim, A., Young, R. L., & Brewer, N. (2021). Autistic Adults May Be Erroneously Perceived as Deceptive and Lacking Credibility. Journal of Autism and Developmental Disorders. https://doi.org/10.1007/s10803-021-04963-4
  1. vii Milton, D. E. M. (2012). On the ontological status of autism?: The ‘double empathy problem’. Disability & Society, 27(6), 883?887. https://doi.org/10.1080/09687599.2012.710008
  1. viii Aut’Créatifs. (2014, 19 décembre). Raconter l’autisme autrement. Aut’Créatifs. Repéré à https://autcreatifs.com/2014/12/19/raconter-lautisme-autrement/
  1. ix Botha, M., Hanlon, J., & Williams, G. L. (2021). Does Language Matter? Identity-First Versus Person-First Language Use in Autism Research: A Response to Vivanti. Journal of Autism and Developmental Disorders. https://doi.org/10.1007/s10803-020-04858-w
  1. x Kenny, L., Hattersley, C., Molins, B., Buckley, C., Povey, C., & Pellicano, E. (2016). Which terms should be used to describe autism? Perspectives from the UK autism community. Autism, 20(4), 442?462. https://doi.org/10.1177/1362361315588200
  1. xi Sinclair, J. (2013). Why I dislike “person first” Language. Autonomy, the Critical Journal of Interdisciplinary Autism Studies, 1(2). Repéré à http://www.larry-arnold.net/Autonomy/index.php/autonomy/article/view/OP1

À lire:

https://lucilaguerrero.com/wordpress/acceptation-maccepte-tacceptes-acceptons/

https://lucilaguerrero.com/wordpress/mon-soutien-sans-faire-briller-en-bleu/

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