Autisme / Neurodiversité · mai 3, 2012

Mon écholalie et moi

écholalie, lucila, artiste, autiste, neurodiversitéOui, comme plusieurs autistes, j’ai une écholalie. Elle est différée et elle me fait du bien. Elle me fait sourire. Rire.  Si jamais vous m’entendez, c’est un signe que je suis très à l’aise avec vous. Que je me montre comme je suis.

Je ne parle pas d’elle normalement, elle fait partie de mon intérieur que je partage peu.

L’écholalie est l’action de répéter instantanément les paroles de son interlocuteur. Mon fils, autiste aussi, le faisait quand il était plus petit, l’écholalie immédiate en français, quand il parlait déjà bien l’espagnol.

L’écholalie différée est aussi la répétition mais elle n’es pas immédiate, on garde dans notre « entrepôt à phrases », placé dans notre cerveau, des phrases dont le son ou les mots nous font plaisir ou des fois simplement parce qu’elles décident d’y rester toutes seules. Ça peut être des phrases entendues dans des publicités, dans des conversations, etc.

Elles s’activent pas la suite par association sensorielle, soit visuel, soit auditive, soit tactile, soit olfactive et même gustative.

Pour donner un exemple  facile:  je suis dans la classe et ma prof. qui explique un tableau de bilan financier prononce: « c’est quoi que j’apporte ? ». Dans ce moment là j’ai une forte envie de dire fort: « je pars en voyage et j’apporte… » (la publicité) mais… je ne le dis pas fort, je le dis dans mes pensées et ça m’amuse et me fait sourire. C’est vraiment l’une de mes sources de plaisir. Je crois qu’il y a une relation avec mon amour pour les jeux de mots.

Jusqu’à là « tout va bien » (du côté vie en groupe),  je suis une adulte et j’ai appris avec le temps à savoir me contenir pour éviter des malentendus. Du côté personnel j’aimerais avoir la liberté de le faire ouvertement mais entre les confits  et la paix j’ai choisi cette dernière… c’est le prix.

Avant je le faisais bien, ça faisait rire les autres avec moi mais ça pouvait être pris comme un mauvais comportement et même comme une provocation si on était dans une salle de classe ou dans un travail d’équipe avec notre chef .

Il arrive que l’écholalie a l’air d’avoir du sens dans une conversation, des fois ça colle de façon drôle, des fois de façon déconcertante et des fois comme une réponse peu polie ce qui nous apporte des problèmes avec nous chers non autistes et bon, cela n’est pas la faute à eux non plus, ils ne le savent pas ce qui se passe dans notre tête.

Pour donner un exemple, Luka, mon fils qui est encore dans la belle étape de « liberté » a déjà eu des mauvaises critiques à cause de répéter des phrases de films. Je ne suis pas certaine que « mauvaise critique » est le bon terme. Il a a déjà été puni par des adultes qui se disaient «il se moque de moi, il répète ce que je dis ». C’est triste. C’est injuste être puni par nos caractéristiques personnels. Plus que ça, c’est inhumain.

Donc, me voici en train de tenter une explication de notre expérience pour aider à mieux comprendre. Pour éviter de blesser un autre autiste dans son estime de soi.

Ce n’est qu’un répétition. Automatique si vous voulez. Il y a aucune intention de réponse, ni de provocation ni de plaisanterie. En fait,  c’est juste un jeu qui fait plaisir et qui permet d’apprendre la communication. Si ça vous fait pas rire, ignorez-le, simplement.

Pour le mois d’avril 2018:

 

 

 

 

 

 

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