La neurodiversité et le rétablissement sont-ils liés ? Si oui, quel est le fil conducteur ?
La santé mentale nous concerne tous. C’est clair.
Le rétablissement également.
Et la neurodiversité.
Il est certain que nos histoires individuelles ne sont pas toujours remplies de joie. Nous éprouvons tous de la détresse, de la fragilité ou de la rupture émotionnelle. Nous arrivons souvent à surmonter des défis à des niveaux variables dans un espace de temps aussi irrégulier pendant notre vie. On est bien, on est moins bien, on va mieux, on est bien, on est très bien, etc. Il est possible que nous soyons bien même en ayant une condition de santé mentale spécifique si nous avons appris à vivre avec nos nouvelles particularités. C’est le rétablissement.
Ainsi, le rétablissement est un parcours individuel vers le bienêtre. Il peut être simple ou complexe. Il peut être si complexe que nos idées se modifient pour s’ouvrir à une nouvelle réalité qui adoptera des stratégies de vie. Ce parcours de relèvement intérieur n’est jamais pareil et il peut être également difficile, tumultueux, pénible et long.
En santé mentale, le rétablissement est une approche née autour des années 70 – 80 aux États unis; dans la communauté des usagers de psychiatrie. Le mouvement se déclarait contre la maltraitance des patients, contre la stigmatisation et contre la violence pour revendiquer, entre autres, le droit de chaque personne à être traitée respectueusement et à être incluse dans son propre programme de soins. Ces idées ont été la base d’un changement dans le système de santé et surtout en psychiatrie. D’ailleurs, le dernier Plan d’action en santé mentale du Canada reconnait la primauté de la personne.
« La primauté de la personne implique de tenir compte du point de vue et des capacités de la personne utilisatrice de services, tout en favorisant sa participation, celle de son entourage, la prise en compte de l’ensemble de ses besoins et de sa situation biopsychosociale. La promotion, le respect et la protection des droits en constituent des aspects fondamentaux. »
Un peu plus tard, vers la fin des années 90, les idées de la neurodiversité sont nées sous le contexte précédent d’une révolution en psychiatrie. Dans les débuts, il s’agissait de défendre les droits des autistes et transmettre le message que l’autisme ne devrait pas être vu comme une pathologie ni à corriger ni à ridiculiser, mais plutôt comme une différence humaine à célébrer. Le concept a donné naissance à un modèle social qui a évolué grâce à l’implication des militants. Aujourd’hui, la neurodiversité concerne tous les humains. Elle s’oppose à la normalisation de l’individu. Elle s’oppose à cette vision d’un modèle humain idéal qu’il faut atteindre pour « réussir dans la vie » et de devoir « réparer » les « déficiences » d’une personne afin qu’elle devienne acceptable. Au contraire de la normalisation. Elle reconnait la diversité de profils comme une réalité naturelle et l’accepte en proposant un modèle social accueillant pour bien vivre avec nos caractéristiques uniques, pour construire une société ou chaque personne se développe en accord à sa façon d’être.
Afin de défendre les droits de personnes neurodivergentes, la neurodiversité se prononce pour l’inclusion sociale, l’égalité, le respect à l’individualité et la reconnaissance positive. En ce qui concerne la population générale, la neurodiversité reconnait que nous avons des besoins uniques qui doivent être comblés de manière individuelle. Avec ou sans diagnostic. De cette façon, si un diagnostic est posé, celui-ci doit être nécessaire, aidant et ouvert aux soins adéquats, respectueux de la personne, de sa qualité de vie pour favoriser l’évolution optimale de chacun.
Voilà pourquoi les deux mouvements se ressemblent. Les deux soutiennent la reconnaissance et le respect de la personne unique. Les deux avancent contre l’exclusion, la stigmatisation et les approches réductrices. Les deux sont complémentaires.
Par le fait d’avoir compris qu’il fallait travailler avec la communauté pour l’acceptation dans les deux sens. L’acceptation de soi de la part de l’individu et l’acceptation de l’individu de la part de sa communauté, je suis devenue militante pour la neurodiversité. Ensuite, j’adhère aux idées du rétablissement parce qu’elles sont compatibles avec ma vision. Cette dernière année riche en apprentissages théoriques et pratiques m’a procuré des outils et de l’inspiration pour continuer mieux mes actions au service de ma communauté.
Lucila Guerrero
Membre du premier groupe de mentors pairs aidants de rétablissement en santé mentale formés par le programme de psychiatrie de l’Université de Montréal.
Membre de l’association des mentors pairs aidants du Québec.
Co enseignant dans le cours Rétablissement et santé globale du programme de psychiatrie à l’Université de Montréal.
Co organisatrice de la Journée mondiale de la Neurodiversité.
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La neurodiversité aura 20 ans en 2018. Pour célébrer, nous organisons la Journée Mondiale de la neurodiversité avec un événement spécial. Les inscriptions sont ouvertes. La distance n’est pas un problème parce que vous pouvez vous inscrire à l’option web diffusion. Je vous invite à vous joindre à nous et découvrir d’avantage les idées de la neurodiversité.
À propos du rétablissement, un texte de Patricia Deegan, militante:
https://commedesfous.com/patricia-deegan/
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